Près d’un quart des couples ne parvient pas à avoir un enfant après un an de tentative sans contraception et plus de 10% n’y parvient toujours pas deux ans après. Largement dépendante de l’âge de la femme et de la fréquence des rapports sexuels, la fertilité peut être modifiée par des causes pathologiques, féminines, masculines ou mixtes. D’où l’importance des bilans de fertilité.
Définition : qu’est-ce que la fertilité ?
La fertilité désigne l’aptitude à se reproduire. La fertilité féminine implique la présence d’organes sexuels sans anomalie : un utérus, des trompes et des ovaires fonctionnels, une absence d’anomalie hormonale avec des cycles menstruels apparents. Chez l’homme, la fertilité implique la production de spermatozoïdes en quantité et qualité suffisantes et la capacité d’éjaculation. La fertilité est multifactorielle, et est plus ou moins influencée par l’état psychologique, la qualité de vie, la bonne santé générale, l’alimentation ou la prise de médicaments. C’est pourquoi on ne parle que rarement de fertilité pour un individu, mais de fertilité de couple.
Quand tester sa fertilité ?
Généralement, il est recommandé de tester sa fertilité après une année sans parvenir à concevoir un enfant malgré des rapports sexuels réguliers et sans contraception. « Chez les femmes de plus de 35 ans, le dosage de l’hormone anti-mullërienne est un bon indicateur de la réserve folliculaire. Ce dosage n’est pas remboursé par la sécurité sociale« , ajoute le Dr Philippe Mironneau, gynécologue et obstétricien à Dijon.
Fertilité chez la femme en fonction de son âge
Sans surprise, la fertilité chez la femme diminue au fur et à mesure que les années passent. La fertilité baisse à partir de l’âge de 30 ans. Entre 19 et 26 ans, la probabilité de grossesse est de 50% par cycle. Un chiffre qui descend à 40% pour les femmes entre 27 et 34 ans. Et, entre 35 et 39 ans, il est de 30%.
Bilan de fertilité
Ce bilan comprend chez la femme généralement et successivement : un examen gynécologique pour déceler d’éventuelles anomalies anatomiques ou une infection, des courbes de température pour déterminer s’il existe une ovulation et la période à laquelle elle survient, ainsi qu’une prise de sang comprenant le dosage sanguin des hormones intervenant dans les différentes étapes de la reproduction.
« Une échographie pelvienne et une hystérosalpingographie sont souvent prescrites afin de rechercher d’éventuelles anomalies des ovaires, des trompes, ou de l’utérus« , ajoute le gynécologue. Chez l’homme, le bilan de fertilité comprend au minimum, et simultanément aux examens effectués par la femme, un spermogramme qui permet d’étudier la qualité du sperme et en particulier, leur nombre, leur forme et leur mobilité.
Courbe de température
La courbe de température est probablement l’examen le plus simple à effectuer. Il renseigne sur la durée et la régularité du cycle, ainsi que sur la présence et la date de l’ovulation. Sa réalisation est assez facile puisque l’examen en lui-même consiste à prendre sa température chaque matin au réveil, avant de poser le pied à terre (et avec le même thermomètre), du 1er jour du cycle (c’est-à-dire du 1er jour des règles) au 1er jour du cycle suivant, au cours de 2 cycles consécutifs au minimum (la durée de 3 cycles est souvent recommandée).
Les variations de températures reflètent en effet les variations du taux de progestérone. Lors de la première partie du cycle, la progestérone et la température sont basses. Juste après l’ovulation, la progestérone augmente parallèlement à la température corporelle, avant de redescendre en fin de cycle. Concrètement, pendant la première partie du cycle la température oscille entre 36,1 °C et 36,7 °C et passe ensuite la barre des 37 °C juste après l’ovulation. Il est généralement utile de noter toutes les manifestations observées au fil des jours : douleurs, saignements, prise de médicaments.
Toute anomalie de la courbe de température conduit en général à la prescription d’un bilan hormonal. Attention, la courbe de température ne peut pas servir à déterminer le bon moment pour concevoir un bébé. En effet, la période de fécondité débute 4 jours avant l’ovulation et se termine 24 heures après. La variation d’une température basse à une température haute indique en effet que l’ovulation a eut lieu la veille. Or un ovule ne vit que de douze à quinze heures : ainsi un rapport sexuel qui a lieu après la hausse de la température ne peut pas être fécondant car un ovule ne survit pas au-delà de douze à quinze heures.
Examen gynécologique
L’examen gynécologique comprend la plupart du temps un toucher vaginal, un examen au spéculum et un frottis vaginal. Il permet de déceler d’éventuelles anomalies anatomiques ou une infection.
Bilan hormonal
Ce bilan sanguin représente un élément important du diagnostic car les hormones régulent l’ensemble des étapes de la reproduction. Les dosages hormonaux sont indispensables pour confirmer un diagnostic et pour suivre l’évolution du taux des hormones lors de stimulations ovariennes, d’insémination artificielle ou de fécondation in vitro par exemple. Les valeurs normales de ces hormones dépendent de chaque laboratoire. Ne cherchez pas à les « interpréter » sans avis spécialisé.
Hormones dosées
Le bilan hormonal d’estimer la réserve ovarienne et de vérifier le bon fonctionnement des ovaires grâce aux dosages de différentes hormone : l’estradiol, une hormone sécrétée par les cellules qui entourent l’ovocyte, la FSH et de la LH, deux hormones hypophysaires, et la progestérone qui apparaît juste avant l’ovulation et témoigne de la survenue d’une ovulation.
→ Anomalies détectées
Les dosages hormonaux permettent de détecter un certain nombre d’anomalies. « C’est par exemple le cas des ovaires ne répondant pas ou ne recevant plus d’ordre de l’hypophyse ou de l’hypothalamus, mais aussi une hypothyroïdie qui peut provoquer une surcharge pondérale et peut être résolue par un traitement adapté« , ajoute le Dr Mironneau.
Test de Hühner
Le Test de Hühner permet d’étudier la qualité de la glaire du col de l’utérus après un rapport sexuel afin de vérifier la qualité de cette glaire et sa compatibilité avec les spermatozoïdes. Il doit être effectué en période pré-ovulatoire, les deux jours précédant la date prévue d’ovulation et quelques heures après un rapport sexuel suivi d’une position allongée de quelques minutes et en l’absence de toilette vaginale. La glaire, contenant normalement les spermatozoïdes, est prélevée au fond du vagin dans les 4 à 12 heures suivant le rapport sexuel, puis examinée au microscope. Une glaire cervicale de bonne qualité à l’aspect de blanc d’œuf cru et forme des cristaux caractéristiques. L’examen au microscope permet également de vérifier si les spermatozoïdes sont mobiles et s’ils survivent bien dans la glaire cervicale.
Hystérosalpingographie
« L’hystérosalpingographie ou l’hystérographie est une radiographie de l’utérus et des trompes qui permet de visualiser la perméabilité des trompes utérines et de visualiser l’intérieur de l’utérus, grâce à l’injection d’un produit de contraste dans la cavité utérine« , informe le gynécologue. Il sert à visualiser l’intérieur de l’utérus, la cavité utérine et les trompes utérines pour repérer d’éventuelles malformations ou une infection. Cet examen permet également de vérifier si les trompes ne sont pas bouchées. Il est peu douloureux et dure environ 1 heure. Le produit de contraste injecté peut parfois déboucher les trompes et aider une femme à concevoir un bébé.
Cœlioscopie
La cœlioscopie diagnostique consiste à inspecter l’extérieur de l’utérus, les trompes et leur pavillon ainsi que les ovaires grâce à une fibre optique passée à travers un petit orifice pratiquée sur la paroi abdominale, au niveau du nombril.
Biopsie de l’endomètre
Un fragment de muqueuse de l’utérus est prélevé afin d’étudier la muqueuse de l’utérus. Cet examen se pratique en général vers le 23ème ou 24ème jour du cycle. La perméabilité des trompes peut ainsi être contrôlée par ces trois derniers examens: l’hystérosalpingographie, l’hysteroscopie et la cœlioscopie.
Merci au Dr Philippe Mironneau, gynécologue et obstétricien à Dijon.
source: https://sante.journaldesfemmes.fr/